ChatGPT : une révolution de l’IA dans le secteur de la santé

Capable d’écrire des romans, d’écrire des recettes de cuisine et même de conseiller les investissements en bourse… la désormais célèbre intelligence conversationnelle ChatGPT serait-elle également capable de soigner ? Si le secteur des industries de la santé avait déjà été bouleversé par l’arrivée des IA, qu’en est-il des possibilités qui s’ouvrent grâce à ce nouvel outil au service des acteurs de la santé, de leurs patients et de leurs diagnostics ? L’IMIS se penche sur l’impact de ChatGPT pour le secteur de la santé.

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ChatGPT est souvent présenté comme une révolution de l’intelligence artificielle, dont l’impact n’est déjà plus à prouver : une étude de OpenAI, la société à l’origine du développement de ChatGPT, révèle par exemple que 80% de la masse salariale des États-Unis sera impactée de près ou de loin par ChatGPT. OpenAI a également rendue publique une liste de 34 métiers, qui seraient les seuls à ne pas être bouleversé s par l’arrivée des intelligences conversationnelles… et aucun métier de la santé n’y figure ! Alors si ChatGPT ne remplacera pas immédiatement les médecins traitants ou le personnel soignant, son impact sur le secteur des industries de santé s’annonce d’ores et déjà comme révolutionnaire pour la médecine telle qu’on la connait aujourd’hui.

ChatGPT, c’est quoi ?

ChatGPT (Generative Pre-trained Transformer) est un modèle de langage pré-entraîné qui utilise la technologie du traitement automatique du langage naturel (NLP) pour répondre à des requêtes textuelles. Développé par OpenAI, un laboratoire de recherche en intelligence artificielle, ChatGPT utilise des algorithmes sophistiqués pour générer des réponses de manière autonome. Il est capable de fournir des réponses précises, intelligentes et cohérentes à une grande variété de questions.

Comment fonctionne ChatGPT ?

Le fonctionnement de ChatGPT est basé sur l'apprentissage machine, un type d'intelligence artificielle qui permet à un ordinateur de reconnaître des modèles dans des données et de prendre des décisions autonomes. L’agent conversationnel a été entraîné sur des quantités massives de données textuelles provenant de diverses sources, notamment des livres, des articles de journaux, des sites web et des conversations en ligne. C’est grâce à l’analyse de toutes ces données que ChatGPT est capable de comprendre le langage humain et d'y répondre de manière précise et appropriée.

Comment l’IA peut révolutionner la médecine ?

Si l’outil de OpenAI est sur le devant de la scène depuis son lancement au grand public, la collaboration de l’intelligence artificielle avec le secteur de la santé est déjà une pratique fortement ancrée : dès 2017, le rapport Stratégie France IA commandé par le gouvernement expliquait que « la quasi-totalité des champs de l’intelligence artificielle dispose d’applications dans le domaine de la santé. » Concrètement, dans le secteur de la santé, cela signifie remplir des missions variées comme la traduction automatique des ordonnances, la programmation de drones pour qu’ils déplacent du matériel chirurgical dans un environnement périlleux, l’établissement d’un diagnostic à partir de data collectées ou encore la détection de cellules cancéreuses sur la peau d’après des photographies.

Alors pourquoi ChatGPT est-il présenté comme un outil capable d’aller encore plus loin dans l’innovation en matière de santé ?

Et si votre futur médecin était ChatGPT ?

Dans le cadre de leurs recherches pour le livre « The AI Revolution in Medecine », lIsaac Kohane, informaticien et médecin à Harvard, la journaliste Carey Goldberg et Peter Lee, vice-président de la Recherche chez Microsoft ont pu obtenir un accès précoce à ChatGPT-4, disponible pour l’instant uniquement en version payante.

Pour tester les possibilités qu’offrirait la nouvelle version de l’IA conversationnelle, les auteurs du livre l’ont tout simplement confronté au United States Medical Licensing Examination, soit l’examen en 3 étapes qui permet d’obtenir une licence médicale aux États-Unis. Quand la version précédente de ChatGPT obtenait environ 60% de bonnes réponses, la version à venir est parvenue à répondre correctement à 90% des questions du programme… soit mieux que certains médecins d’après le département d’informatique biomédicale de la Harvard Medical School.

Un accompagnement au diagnostic

Fin mars 2023 dans le Cher, un patient de 53 ans a échappé de justesse à une perforation de la vésicule biliaire et une péritonite, non-identifiée par son médecin traitant, en présentant à ce dernier le diagnostic effectué grâce aux symptômes et résultats de la prise de sang par… ChatGPT ! Confronté au diagnostic de l’IA, le médecin traitant a reconnu immédiatement son erreur et a pu envoyer son patient aux urgences les plus proches. Si cette histoire peut sembler anecdotique, elle illustre pourtant l’impact immense que pourrait avoir ChatGPT sur l’aide au diagnostic, en ayant accès de manière instantanée à une immense base de données permettant d’identifier rapidement une maladie à partir des symptômes et des données chiffrées fournies par le patient.

En étant capable de fournir un premier diagnostic fiable, ChatGPT pourrait ainsi régler de nombreux problèmes auxquels est confronté le secteur de la santé :

  • Être un interlocuteur pour les personnes habitant au sein de déserts médicaux, c’est-à-dire pour les 8 millions de Français qui n’ont pas accès un praticien de santé plus de 2 fois par an. Grâce à un premier dialogue avec le patient, ChatGPT pourrait être en mesure d’orienter, en fonction de la gravité du diagnostic, vers une pharmacie, un spécialiste ou bien un service d’urgence.
  • Désengorger les services d’urgence. Face à la difficulté d’accès à un médecin, certains patients se tournent vers les urgences, qui comptent en 2022 plus de 20 millions de passages par an : avoir un premier contact médical permettrait d’estimer rapidement le degré de gravité d’un cas de manière à rassurer les patients et à les orienter de la bonne façon.
  • Remédier à l’automédication. En 2018, 80% des Français ont eu recours à l’automédication, d’après une étude Harris Interactive. Si cela peut s’avérer utile en cas de maladies bénignes, l’automédication peut également avoir de graves conséquences, notamment en cas de contre-indication lors de la prise de plusieurs médicaments . Interroger ChatGPT avant toute automédication permettrait d’éviter des accidents lors de prises de médicaments déconseillées.

Un assistant au service de l’humain

Au-delà de la performance médicale, ChatGPT pourrait également permettre d’assister le médecin en automatisant un grand nombre de tâches administratives, libérant ainsi du temps au praticien pour se concentrer sur l’accueil de patients. Robert Pearl, professeur à l’école de médecine de Stanford décrit l’arrivée de ChatGPT comme « plus importante que l’arrivée du stéthoscope » et affirme que « aucun praticien qui souhaite offrir un traitement de qualité ne pourra le faire sans ChatGPT ou toute autre forme d’intelligence artificielle générative. »

Plutôt que de se substituer au médecin, il s’agirait donc de leur permettre d’optimiser leur temps en gérant pour eux les tâches administratives. C’est ce que propose la start-up Nabla, créée par un ancien ingénieur Facebook, qui propose depuis mars 2023 un assistant médical basé sur GPT-3. L’objectif ? Proposer aux médecins de générer automatiquement un compte-rendu après une consultation et, dans le futur, de rédiger à leur place une lettre d’adressage d’un patient à un confrère ou de gérer les déclarations à l’Assurance Maladie. D’après le site de la start-up, Nabla serait en mesure de faire gagner 2h par jour, soit le temps de recevoir en consultation 3 patients supplémentaires, et permettrait d’économiser 50% sur la gestion des dossiers patients.

Un vecteur d’innovation puissant… avec ses limites

Une crédibilité remise en cause

S’il est capable d’obtenir des scores élevés aux examens de médecine, lorsque ChatGPT se trompe, ses erreurs sont particulièrement importantes. En effet, lorsqu’on lui demande des justifications auxquelles il n’est pas capable de répondre, ChatGPT invente des références scientifiques ainsi que de faux articles pour étayer ses propos… dans le cadre de la prise en charge de patients, établir un diagnostic reposant sur des articles scientifiques inventés peut s’avérer un facteur d’augmentation du risque d’erreur médicale. De plus, ChatGPT fonctionne sur une base de données fixes, c’est-à-dire, des données fournies simplement à un instant précis : l’outil ne prend donc pas en compte les dernières avancées en termes de recherche médicale et scientifique et n’indique également pas quelle est la date de la source sur laquelle il base sa réponse… qui peut parfois être déjà obsolète.

Accompagner l’humain, sans le remplacer

Parmi les limites souvent évoquées par les médecins concernant ChatGPT, l’absence d’humanité est particulièrement citée. En effet, loin de se limiter à une analyse scientifique, la relation entre un médecin et son patient prend également en compte une multitude de facteurs humains : la construction d’un lien de confiance, l’analyse du langage corporel et de la réaction à la douleur mais également une bonne connaissance des facteurs importants comme la prédisposition génétique avec les antécédents familiaux. Des qualités que sont loin de posséder les intelligences artificielles pour l’instant et qui sont constitutives d’une relation entre un patient et son médecin.

Confier sa santé à une intelligence artificielle soulève également des questions éthiques. Dans le cas d’une erreur médicale résultant d’un diagnostic réalisé par ChatGPT : qui pourrait en être tenu responsable ? L’apparition de ce nouvel outil pose également la question des choix, parfois compliqués, à effectuer dans le cadre par exemple d’une opération à risque. Si ChatGPT prédit l’échec d’une opération risquée, les chirurgiens s’appuieront-ils sur son analyse plutôt que sur leur expertise ? L’équipe de Jamie Webb, bioéthicien à l'université d'Édimbourg, s’est interrogée sur la position de « conseiller moral » des médecins que pourrait revêtir ChatGPT et a conclu qu'il est difficile pour une IA de faire de tels choix de manière fiable et que les praticiens risquent, à termes, de ne plus pouvoir prendre des décisions morales de leur plein gré s'ils se reposent sur ce genre d'outil.

Si l’IA se développe à une vitesse particulièrement impressionnante et déploie ses applications dans quasiment l’ensemble de notre quotidien actuel ou très proche, le secteur des industries de santé perçoit surtout les agents conversationnels comme des facilitateurs, plutôt que comme des potentiels remplaçants. Ainsi, comme l’évoque Heather Mattie, maîtresse de conférences en santé publique à Harvard, « ChatGPT est un outil révolutionnaire, à condition que l'utilisateur soit conscient que l'IA n'a pas toujours raison à 100% et qu'il peut fournir des résultats biaisés. »

L’IMIS forme des experts du marketing de la santé ou des affaires règlementaires qui deviennent ensuite des professionnels engagés et conscients des problématiques liées aux innovations en matière de santé.

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